Sufjan Stevens - The BQE (2009)
The Brooklyn-Queens Expressway est une autoroute traversant l'état de New York reliant les comtés sus-cité, et passant devant le vénérable pont de Brooklyn, face à Manhattan. Pour la petite histoire le comté de Brooklyn s'appelle en réalité "Kings", par opposition à la ville de Brooklyn qui la compose. Ce qui donne "Autoroute des Rois et Reines", et réinvente tout de suite une autre histoire, une fable moderne où les chauffards excédés sont des chevaliers, leurs voitures des chevaux et les énormes camions des monstres de la même façon que Don Quichotte voyais en les moulins des géants à terrasser.
Alors oui c'est un disque instrumental, ça peu dérouter mais c'est virtuose. Pas dans le sens d'une maitrise irréprochable des instruments (et encore il est difficile d'y trouver à redire) mais de la composition et de l'intention artistique. On sens qu'il est allé au bout de son intention initiale, qu'il avait des choses à dire sur un sujet aussi absurde qu'une voie d'autoroute, une vision et que c'est ça qu'il a réussi à poser sur disque -enfin support audio-. Et au final (avis perso) c'est tout ce que je demande à un artiste, de réussir à me transmettre sa vision quel que soit le sujet, tabouret, jante-alliage, hippopotame on s'en tape.
Quand j'écoute cet album j'ai des images qui s'allument comme par magie dans ma tête, d'un coup oui des nappes d'accords d'instruments de musique s'associent avec des flux de trafic, des embouteillages, des "motifs d'auto-organisation émergents", des carambolages... cette association de prime abord surréaliste et contre-nature prends un sens à travers le prisme de sa vision, et j'appelle pas ça autrement que du génie. Et avec des arrangements amples, splendides et une personnalité prononcée qui plus est.